
Le Laboratoire art et époque est piloté par la Compagnie Théâtre Inutile et Miguel Benasayag.
Laboratoire art et époque
À travers nos outils artistiques, nous cherchons à comprendre la digitalisation de notre monde et la place du vivant dans cette nouvelle hybridation.
Y a-t-il quelqu’un derrière l’étiquette ?
À l’heure des communautés virtuelles, le profilage s’impose progressivement comme la seule modalité d’exister dans la société. Les réseaux sociaux nous garantissent des rencontres de profil à profil, autrement dit des portraits-robots (avatars) conçus par des robots (algorithmes). Le monde digital réunit les séparés, mais en tant que séparés. La figuration de soi, comme surface lisse et transparente, vide l’individu de toute intériorité. Or, ce qui échappe à la modélisation est justement ce qui constitue la personne dans toute sa complexité.
Forfait illimité
La croyance majeure au coeur de l’hybridation actuelle pourrait se définir par un « tout est possible » : de l’homme augmenté à l’homme immortel, nous prétendons fabriquer un monde sans limite dans lequel tous ses composants sont potentiellement modulables à l’infini. Cette pensée de l’illimité se diffuse dans le cadre général de l’époque : néolibéralisme fabriquant un monde sans régulation économique, règne de l’immédiateté, toute puissance de l’information, émergence d’une nouvelle promesse messianique de la technologie comme clé d’accès aux paradis artefactuels… Or, nous affirmons que la limite est condition du sens.
Les liens subtils
Nous pensons que le théâtre représente un formidable terrain d’exploration des liens subtils structurant le vivant et la culture. Ce sont ces liens qui sont aujourd’hui attaqués. Dans une époque qui glorifie la virtualisation, la scène théâtrale résiste encore comme lieu où on ne peut pas tricher avec le réel, lieu où pour les corps tout n’est pas possible. Le théâtre pose des limites comme conditions d’existence, des bornes entre lesquelles nous allons explorer la croyance de notre époque dans la possibilité d’un monde désubstantialisé.
Cette troisième saison du Laboratoire art et époque sera l’occasion d’approfondir les hypothèses de recherche. L’expérimentation au plateau nourrira la prochaine création de la Compagnie Théâtre Inutile prévue en 2017.
Le programme de la saison 2015-2016 s’articulera autour des rendez-vous suivants :
Séminaires
Ouvert au public et mensuel, le séminaire, avec Miguel Benasayag, est le lieu de recherche théorique autour des questions de mutations de notre époque.
Laboratoires artistiques
Le Laboratoire artistique est un temps réunissant la Compagnie Théâtre Inutile et Miguel Benasayag pour une expérimentation au plateau des hypothèses de recherche du Laboratoire art et époque.
Restitution publique / conférence
Les études des laboratoires artistiques sont partagées avec le public et mises en dialogue avec Miguel Benasayag et un chercheur invité.
Cheval bleu
Le Cheval bleu est un atelier de fabrication de formes artistiques qui interroge notre rapport à l’art et aux normes propres à notre époque. Le Cheval bleu se construira cette saison avec les élèves de 3ème D du collège Arthur Rimbaud à Amiens, les terminales du lycée horticole de Ribécourt (60) et les directeurs en formation et animateurs de la Fédération régionale des MJC en Ile de France.
Manifeste
Où est le vivant dans le spectacle vivant ?
Antonin Artaud disait que la question n’est pas tant de célébrer l’art et la culture, mais de voir à l’œuvre, dans ce qu’on appelle art et culture, des forces équivalentes à celles de la faim. On ne peut pas mieux dire la nécessité et le besoin vital qui sont à la source de la pratique artistique. Et l’on ne saurait mieux insister sur le besoin de corps au centre de l’expérience.
Poser la question : où est le vivant dans le spectacle vivant nous ramène au corps, celui du comédien, celui du spectateur, celui du public qui fait corps collectif. Serait-il naïf alors de poser la question que ne renieraient ni l’idiot du village ni Diogène cherchant « l’homme » avec une lanterne en plein midi : qu’est-ce que le corps ?
Cette question est urgente à notre époque où les révolutions spirituelles, dont les conséquences sont appelées à marquer durablement la conscience collective et à orienter les comportements des individus, ne sont pas d’ordre religieux ou politique, mais technologique : la génétique, les nanotechnologies, la révolution internet sont des prolongements avec lesquels nos corps s’hybrident et co-évoluent. D’où les fantasmes du corps augmenté qui caractérisent l’époque.
Or, face à la complexité du monde contemporain, nous sommes invités à déléguer nos pouvoirs : le pouvoir de penser à des experts de la pensée, le pouvoir d’imaginer à des experts de l’imagination (communicants, créateurs en automobile, créatifs multicartes, publicitaires autoproclamés « vendeurs de rêves »). L’artiste serait-il appelé à rejoindre cette dernière cohorte en tant qu’expert en divertissement, autre marqueur de l’époque ?
Et, à en croire le spectacle de l’engouement pour l’exhibitionnisme émotionnel de la téléréalité et le recours désormais systématique au storytelling politique, le canal sentimental devient le mode unique de perception du quotidien. La pensée n’est plus qu’un simulacre de pensée. L’inspiration du Laboratoire art et époque part de l’idée que le théâtre est un point de jonction entre « sentir » et « penser ».
Nous souhaitons réinterroger la place du corps, donc du vivant, au cœur du spectacle vivant. Le corps n’est pas un agrégat d’organes, il est une pensée symbolique et une mémoire. Le corps est indissociablement concept et percept.
Compagnie Théâtre Inutile – Miguel Benasayag
Les séminaires

























Les Laboratoires artistiques








Les ressources

Parution du Livre – Clinique du mal – Le « psy » face aux nouvelles souffrances psychiques
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